Le désir d'apprendreDepuis longtemps les philosophes, les psychologues et les pédagogues ont postulé que l’être humain, et singulièrement l’enfant, était habité d’un désir d’apprendre, désir en quelque sorte inné et spontané. De ce postulat, il en découlerait qu’apprendre est «naturel» et si des enfants apprennent mal ou n’apprennent pas c’est à cause de… ou c’est la faute à… Selon les périodes, selon les croyances, les causes et les fautes ont varié: ont été ainsi invoqués le déficit intellectuel, la nature mauvaise, le handicap socioculturel ou l’insuffisante qualité des maîtres, etc.Aujourd’hui, on est plus prudent, plus circonspect aussi, même si nous n’avons toujours pas une théorie générale et globale de l’apprentissage humain. L’aurons-nous un jour?Il nous faut donc continuer de tabler sur le désir, et avant même de parler du désir d’apprendre, nous nous souviendrons que le désir est considéré comme une force, une aspiration, une tension, l’essence de l’homme pour persévérer dans son être. Sartre disait que le sens du désir est le projet d’être Dieu et un autre auteur écrira que l’aspiration au bonheur absolu s’appelle désir. En quelques mots on se trouve plongé dans l’un des plus grands mystères de la vie humaine, un mystère mis en mots, mais bien difficile à expliquer et à comprendre. Il n’est donc pas surprenant que lorsque les pédagogues cherchent des solutions pour surmonter les difficultés d’apprentissage de leurs élèves, et qu’ils s’emparent de la notion de désir, ils travaillent alors avec «un concept flou».Pour autant la réflexion collective a progressé dans plusieurs directions. En particulier il ne faut pas oublier que si le désir est par essence attaché à l’individu, à la personne, de l’instant de la naissance à celui du dernier souffle, les formes et les objets du désir sont éminemment sociaux et notamment le désir d’apprendre. On ne peut en effet apprendre que les savoirs disponibles et requis. On ne peut apprendre que du soutien d’une société