Le football
Celui-là est destiné d’ailleurs au prochain numéro de JA. Mais comme d’habitude, vous en avez la primeur.
Donc voilà:
Ce fut tout de même une étrange finale de Coupe du monde.
Avec, évidemment, un coup de tête quasiment historique.
Zidane, la star, le roi, l’icône, grossièrement insulté par un arrière central italien à la réputation largement ternie, se retourne, marche posément trois pas vers le Materazi en question et lui assène un formidable coup de front qui atterrit sur sa poitrine…
Boum !
En pleine finale de Coupe du monde…
Devant un milliard de téléspectateurs…
Carton rouge.
Remarquable…
La France ne lui en veut pas, à Zinedine. Il faut comprendre, disent en choeur les Gaulois. C’est un « homme », le Zidane, un vrai, un bon gars des quartiers nord de Marseille. Il sait répondre. J’entends un dramaturge comparer notre héros malheureux au personnage de Iago dans Othello. Le Premier ministre et le président viennent au secours du meilleur joueur français des vingt dernières années. Même Abdelaziz Bouteflika, le président algérien que l’on a connu récemment bien véhément à l’égard des enfants du pays partis s’abriter sous d’autres passeports, y va de son couplet viril.
Triomphe du machisme oriental : Ah, les Arabes, c’est bien connu, faut pas jouer avec leur honneur, l’honneur de leur mère, de leur soeur et de je ne sais quoi d’autres…
L’affaire progressivement se transforme en question philosophique mondiale.
Coupable ou non coupable ?
Normal ou pas normal ?
Les linguistes, les psychanalystes, les juristes, les journaux, la télé, la FIFA, tout le monde s’y met. Zizou passe à la télé, s’explique. Pendant que les trains explosent à Bombay, que Gaza et le Sud-Liban s’embrasent, que l’Irak implose…
On croit rêver, tout de même.
Au fond, on parle d’un coup de boule lors d’un match de foot.
Tout