Le grand meaulnes
LE MONDE DES ADOLESCENTS DANS «LE GRAND MEAULNES» D’ALAIN-FOURNIER
Elżbieta Pleskot
En étudiant la littérature française du début du XXe siecle, on remarque un grand épanouissement des romans de l’adolescence, absents des époques précédentes. Ce grand intérêt porté à la thématique de l’adolescence, s’explique par le progrès scientifique, surtout dans le domaine psychologique, et par des changements sociologiques. Alors que le jeune homme du XIXe siècle dépend, en grande partie, de sa famille, y compris pour les décisions concernant aussi bien sa carrière professionnelle que son mariage, l’adolescent de la Belle Epoque, dont il est question, commence à penser à son bonheur personnel. Il jouit de plus de liberté, mais lui aussi, est étroitement lié à sa famille, cette fois-ci à cause de son inadaptation. Dans ces conditions, l’adolescence devient un problème de grande importance: elle intéresse aussi bien les pouvoirs publics (p. ex., le 30 juillet 1899, on a organisé une fête de l’adolescence)1 que les savants. Déjà au milieu du XIXe siècle, on trouve une quantité considérable de publications concernant l’adolescence, parmi lesquelles il faut citer l’article de Buffon, intitulé «Puberté» dans le «Dictionnaire des Sciences Médicales» (1812–1840), «La puberté chez l’homme et chez la femme» de Léon Bierent (1896), «Comment on défend les garçons et les filles contre les accidents de la puberté» du Dr H. Labonne et, surtout, deux volumes d’un ouvrage du psychologue Pierre Mendousse, intitulés: «L’Ame de l’Adolescent» et «L’Ame de l’Adolescente»2. Dans cette dernière étude, qui a énormément influencé les gens de la Belle Epoque et obtenu un succès considérable, l’auteur fait la distinction entre l’enfance pure mais égoïste et l’adolescence caractérisée, d’une part, par la générosité et, d’autre part, par ses préoccupations sexuelles. Selon P. Mendousse, il est aussi important de