Le Ki-Yi Théâtre, une esthétique en constante mutation
L’esthétique, ou science du beau et philosophie des beaux-arts, est une théorie générale qui transcende les œuvres particulières et s’attache à définir les critères de jugement en matière artistiques(…) .
Cette définition de l’esthétique, d’après Pavis, qui en présente le caractère global, découle, de loin, de la conception historique d’Alexander Gottlieb Baumgarten, philosophe allemand qui en fit depuis le XVIIIème siècle une « étude philosophique et scientifique de l’art et du beau » . C’est pourquoi, en tant qu’ensemble de réflexions sur l’activité artistique, l’esthétique vient désigner, au théâtre, l’étude sur « les lois de composition et de fonctionnement du texte et de la scène (…) » . Cette prise en compte de la spécificité du théâtre, mieux de la montée du travail de la mise en scène au XIXème siècle dans la conception de l’esthétique au domaine théâtral, est principalement un facteur capital pour Catherine Naugrette. L’esthétique théâtrale moderne dont elle propose une définition, est d’abord celle qui se fait l’écho de la mise en scène, avant de désigner essentiellement « l’ensemble des réflexions théoriques » autour du « phénomène théâtral » ; en d’autres termes, cette esthétique tient compte de tous les éléments scénographiques puis textuels qui prennent part au « processus de création et de réception de l’œuvre » y compris les rapports avec les arts invoqués.
L’esthétique à laquelle nous faisons allusion, cependant, n’aura pas la prétention d’établir des critères de jugement, cette recherche sur les lois de composition et de fonctionnement, comme l’entrevoit Pavis. Elle ne prétendra pas, non plus, d’être aussi rigoureuse, telle que la conçoit Naugrette, pour cerner tout le phénomène théâtral dont les aspects de mise en scène. Elle sera précisément ce qu’Anne Souriau appelle « esthétique implicite ». Il s’agit, par exemple, de l’ « esthétique d’un auteur, d’un artiste, d’un pays, d’une époque »