Le naturel et l'artificiel
S’il s’avère délicat de distinguer le naturel de l’artificiel, il semble encore moins facile de distinguer le sens de la valeur. Ce qui fait sens n’est-il pas également ce qui est valable ? Et ce qui a de la valeur n’est-il pas aussi ce qui a du sens ? Dès lors que nous attribuons un sens à la distinction du naturel et de l’artificiel, ne sommes-nous pas tenter de lui attribuer du même coup une valeur ? N’est-ce pas là précisément un automatisme de la pensée, une difficulté difficilement surmontable, non pas tant du sujet proposé que de la pensée elle-même ?
Et si la question de la distinction entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel nous conduisait précisément à devoir distinguer le sens de la valeur ? En effet, n’est-ce pas en effet selon des valeurs philosophiques et morale très diverses que nous pouvons prendre la nature comme critère de la valeur, comme le montre l’opposition de Galliclès et de Socrate dans le Gorgias, l’un comme l’autre voulant fonder l’ordre social sur l’ordre naturel, mais l’un et l’autre ne tirant pas de les mêmes conclusions de ce présupposé de départ ? Comme si la nature, ou ce qui est dit naturel, serait un objet incertain sur lequel nous nous plaisons