Le nihilisme politique
Le nihilisme a existé comme un mode de critique sociale en Russie au XIXe siècle. Il évolua ensuite vers une doctrine politique n'admettant aucune contrainte de la société sur l'individu, et refusant tout absolu religieux, métaphysique, moral ou politique. Par extension, le nihilisme fut le nom donné aux mouvements révolutionnaires anti-tsaristes qui prônèrent le terrorisme politique. Bien qu'éphémère, ce mouvement politique a soulevé des questions auxquelles se sont intéressés des penseurs de tous horizons. De ces interrogations est née une doctrine philosophique en relation avec l'absurde , la négation des valeurs morales sociologiquement acceptées et plus généralement, la négation de l'existence d'une réalité substantielle.
Le terme nihilisme fut popularisé par l'écrivain russe Ivan Tourgueniev dans son roman Pères et Fils (1862) pour décrire au travers de son héros, Bazarov, les vues de l'intelligentsia radicale russe émergente.
Celle-ci était surtout composée des étudiants des classes supérieures, qui étaient de plus en plus désillusionnés par le changement lent des réformes politico-sociales. Le critique Nikolaï Dobrolioubov, le théoricien Dimitri Pissarev, l'économiste Nikolaï Tchernychevski, les scientifiques Piotr Lavrovitch Lavrov et Pierre Kropotkine prônent alors des actions directes et violentes pour renverser le régime afin de reconstruire, de façon « scientifique », un monde qui assurera le bonheur des masses[1].
En 1881, les nihilistes réussirent à assassiner Alexandre II, qui cherchait pourtant à rendre son régime moins autocratique. Le pouvoir suprême passa alors à son fils, qui avait des idées moins libérales. Le raidissement autoritariste, dans une société qui s'industrialisait rapidement aboutit pendant la Première Guerre mondiale à la révolution russe, puis à