Le pouvoir arrête le pouvoir : la séparation des pouvoirs dans les régimes révolutionnaires.

Le processus démocratique dans l'histoire française fut long, douloureux, compliqué, et se heurta à de nombreux obstacles et tout autant de phases dictatoriales souvent sanglantes. C'est la base démocratique qui, dès le départ, posa problème : la séparation des pouvoirs n'était jamais dans les bonnes proportions. Des trois pouvoirs, l'exécutif, le législatif et le judiciaire, seuls les deux premiers furent sources de conflits. C'est donc à la séparation de ces deux-là qu'il fallut s'attacher. Comment dès lors produire une Constitution qui permette un régime démocratique équilibré où chaque pouvoir serait indépendant mais interdépendant des autres ? Les deux principaux pouvoirs, l'exécutif et le législatif, varient d'une constitution à l'autre ; ainsi, leur interaction varie de la même façon et démontre l'hésitation et les phases de « tests » de séparation des pouvoirs.

I. Deux pouvoirs qu'il faut concilier : les principes du l'exécutif et du législatif dans les constitutions révolutionnaires

A. Le pouvoir législatif et les modes de scrutin

La constitution du 3 septembre 1791 est un projet politique neuf comportant 7 titres et 209 articles numérotés. La souveraineté y est celle de la nation, pas la somme de celle des individus. Elle est unique, indivisible et inaliénable, donc pas ou mal délégable par le souverain. Mais seul le principe de la souveraineté est à la nation, l'exercice est aux représentants. Les représentants forment le pouvoir législatif, et sont les élus et le roi, qui a droit de veto, et qui est co-représentant du fait de son action sur le pouvoir législatif, pas du fait qu'il détienne le pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est donc composé d'une chambre unique, assemblée permanente que le roi ne peut pas dissoudre, et durée de sa législature est courte par crainte de dérive. Il n'y a pas de suffrage universel, peuple n'élit pas car cela