L'invention de Barjavel, dans "Ravage", devait certainement " paraître miraculeuse " aux lecteurs de 1943, contemporains de l'écrivain. Aujourd'hui, elle fait sourire: pas besoin de monopoliser une armée de lecteurs spécialisés pour répondre aux envies du public ! Le " lecteur " est devenu un petit appareil courant qui déchiffre les sons et les images, CD Rom ou DVD. Le livre électronique permet de stocker "La Comédie Humaine" de Balzac et de naviguer dans toute l'œuvre grâce à l'hypertexte. Relié par GSM, modem ou infrarouge, il ouvre la porte des bibliothèques et l'on choisit l'ouvrage convoité par un simple effleurement de doigt, on tourne les pages, on agrandit les caractères au gré de ses besoins et on lit discrètement grâce à l'écran rétroéclairé. Cette idée est née en 1997 dans un avion entre Paris et San Diego. Marc Vasseur qui y était encombré de livres et de revues, se prit à rêver à une petite machine portable et légère, avec un disque dur rempli de fichiers. La révolution numérique était en marche et la technologie a fait le reste. On en voit les avantages : bibliothèque nomade, librairie ambulante, l'édition électronique met le patrimoine intellectuel et les ouvrages de références à la portée de tous, n'importe où, à n'importe quel moment. Plus de recherches fastidieuses, plus de rangement encombrant : l'appareil a le format d'un best-seller ; il s'emporte et se consulte facilement.
Cependant, on se doit de réfléchir aux incidences d'une lecture non linéaire. Le furetage succède au parcours exhaustif. On apprenait à expliquer un texte pour en dégager le sens. Avec les nouvelles technologies, le nombre de parcours d'une œuvre échappe à l'auteur lui-même. Quant au lecteur, il se fie davantage aux mémoires externes et abandonne progressivement tout effort de mémoire interne. D'autre part, si le Pocket PC, qui permet d'écouter un livre-cassette ou CD en se promenant dans la rue, est un outil précieux pour les aveugles et mal voyants, il pourrait avoir des