Le racisme dans le football
7 juin 2011 à 00:00
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Par MARC PERELMAN Professeur à l'université Paris-X-Nanterre
Cris de singe, jets de banane, banderoles xénophobes, insultes racistes sont monnaie courante dans les gradins des stades, sur la pelouse, entre joueurs, chez les professionnels comme chez les amateurs. Ce qui ne cesse d’inquiéter le ministère de l’Intérieur et des associations telles la Licra, La Ligue des droits de l’homme, le Mrap. Dans toutes les strates de l’institution du football, la parole raciste s’est libérée ; elle s’est partout banalisée malgré Football Against Racism in Europe, Stand up Speak up et autres Non au racisme.
Le ver était dans le fruit. Une bien curieuse exultation chauvine sinon nationaliste s’était manifestée au moment de la victoire de 1998 pour une équipe de France multiethnique, multicolore, exhibée comme l’agrégation enfin réussie d’individus d’origines si diverses. Ediles politiques, artistes, intellectuels, universitaires, journalistes, écrivains multiplièrent les déclarations exaltées sur l’intégration des immigrés dans la société française grâce au seul football et surtout grâce à la victoire de cette fameuse équipe «black-blanc-beur». Très nombreux furent ceux envoûtés par cette victoire sportive et qui s’abandonnèrent ainsi aux délices de l’ivresse footballistique en abandonnant tout recul critique devant la fable d’une équipe de football capable, grâce à son métissage, de battre les meilleures équipes du monde, mais surtout - et le mélange des genres était très pervers - de tacler, balle aux pieds ou sur un coup de tête magique, des années de racisme, de lober la xénophobie, de dribbler l’histoire coloniale. Les résultats positifs et si rapides au football remplaçaient ceux tellement lents et souvent faibles de la politique traditionnelle.
Juste après la victoire, une lave tricolore telle une masse coagulée d’individus