plutôt que d’y voir la domination d’un des deux pays sur l’autre, il préfère envisager comme issue l’union future des deux nations, tellement complémentaires selon lui. Sur le plan de la culture, par exemple, aux grands écrivains de la France répondent les compositeurs allemands. C’est d’ailleurs un prélude de Bach (1685-18750) que la nièce laisse ouvert sur l’harmonium et que joue Werner un soir. Le jeune homme reprend les paroles de son père qui croyait qu’Aristide Briand (1862-1932), au terme de la Première Guerre mondiale, allait unir « comme mari et femme » (p. 25) la France et l’Allemagne. Cette première allusion à l’union souhaitée des deux pays, l’officier la fait en regardant fixement la jeune fille. Dès lors, tout son discours a un double sens : attiré par la jeune fille, il dissimule (consciemment ou non) un message amoureux derrière son discours politique. Pour Vercors, la nièce est l’image de la France et Werner est celle de l’Allemagne. Le jeune homme semble d’ailleurs être le prototype du physique germanique. Lorsque l’officier parle de « vaincre le silence de la France » (p. 29) et souhaite un amour partagé entre les deux pays, il souhaite évidemment entrer en communication avec la jeune fille. De même, lorsqu’il parle de « boire au sein de la France » (p. 32) sa richesse, on peut y voir une allégorie de la nation, mais également une image érotique. Mais la jeune fille résiste à Werner comme la France résiste à l’Allemagne. La défaite finale de Werner (anticipation possible de la défaite future de l’Allemagne), vaincu par les arguments guerriers de ses camarades officiers, montre une dernière fois dans le récit l’entrecroisement constant des thèmes de l’union amoureuse et du rapprochement entre les peuples.