Le temps de vivre
Boris Vian
Boris Vian est surtout connu comme romancier. Il fut aussi un grand poète. Le poème intitulé Le temps de vivre ou l'évadé, écrit en 1954, raconte la course d'un évadé qui, ayant trompé la vigilance de ces geôliers, profite une dernière fois des merveilles de la nature. A travers ce poème, nous avons été sensible à la façon dont cette course est traduite, aux relations qui se tissent entre l'homme et la nature ainsi qu'au dénouement, porteur des force de la vie, malgré la présence de la mort. Un thème apparaît d'emblée à la lecture de ce poème : le thème de la fuite. Le personnage central, l'évadé, fuit ses "assassins" qui "là haut entre quatre murs", le retenaient prisonnier, le privaient de ce qu'il y a de plus cher au monde : sa liberté. Il échappe à l'enfer de la prison, évoqué par ses "quatre murs", sombre, triste, sans vie. S'il a voulu fuir, c'est pour quitter ce lieu clos et sans âme de la prison, mais aussi et surtout pour retrouver la nature, les joies intenses qu'elle procure à celui qui sait être sensible, tout ce dont il était privé au fond de son cachot. En un dernier élan de vie, l'évadé fuit, dévale la colline comme un torrent. Cette course effrénée à travers la nature se traduit par un grand nombre de verbe de mouvement : "il a dévalé", "faisait rouler", "il sautait", "il a cueillit", "il a plongé", "il s'est relevé pour sauter", "courir". Non seulement l'homme se déplace mais il entre en contact avec la nature qu'il éveille et met en mouvement sur son passage : "ses pieds font rouler des pierre", "il cueille deux feuilles jaunes", "plonge son visage" dans l'eau du ruisseau. Cette course ne ressemble pas à celle d'un homme inquiet, traqué, mais plutôt à celle d'un homme profitant pleinement d'un bonheur qu'il sait éphémère. Certain verbe, tel que "danser", "sauter", "cueillir", "rire" exprime la gaieté et la joie ; d'autres évoquent la liberté retrouvée et toutes les actions possibles : "dévaler", "faire rouler",