Le théâtre de sony labou tansi
Le théâtre de Sony Labou Tansi, le dramaturge et romancier congolais, est de dévoiler la réalité des régimes politiques africains. Ce dévoilement se présente sous un mode de dénonciation voilée. L’écrivain a besoin de présenter sa dénonciation de la réalité d’une façon détournée pour éviter toute censure. Chez lui, le camouflage se présente sous le voile linguistique et philosophique. Sur le plan référentiel, Sony Labou s’intéresse à l’exploitation d’un nombre varié des ressources du langage. Privilégiant la fonction poétique du langage, il s’intéresse essentiellement à un langage camouflé. Ce langage sérieux et tendu est rendu léger et détendu à l’aide d’un dosage de jeux, une forme ludique du langage poussée à l’excès. Inscrivant ce jeu dans un contexte tragique, Sony Labou réussit à effleurer une forme du tragique grotesque qui le rapproche du théâtre de la dérision dont les auteurs tels qu’Ionesco et Beckett demeurent des symboles. Le théâtre de Sony Labou Tansi est aussi étalonné par des paramètres esthétiques. Il donne à voir un monde différent. Personnages et situations, comme chez Ionesco et Beckett, semblent plutôt s’immobiliser dans un tragique total, un nihilisme sans fin. On voit comment les personnages, en construisant leur identité, ne s’assument que comme pures négativités, procèdent eux-mêmes, à travers leurs discours, à la dénégation de leur personnalité et de leur historicité. Les personnages, loin d’être des sujets psychologiques pleins, sont de simples résidus textuels au service d’une perception nihiliste du monde. On pourrait voir en cela la restitution analogique des sociétés africaines postcoloniales fatalement vouées au néant.
La Parenthèse de sang met en scène le règne d’un régime démoniaque. Les exécuteurs, en effet, du gouvernement dictatorial sont à la recherche de Libertashio dont ils refusent d’admettre la mort pourtant évidente. La famille du rebelle est de fait interrogée, séquestrée puis exécutée par les soldats qui