Le théâtre
L’extrait d’Amphitryon de Molière (texte A) nous fournit d’abord le niveau le plus élémentaire du quiproquo : Alcmène prend
Jupiter pour son mari et rappelle que c’est l’état de mari qui légitime ses sentiments (cf. v.13-14) ; mais la situation est rendue encore plus complexe par le désir de Jupiter d’être aimé pour lui-même ; ce désir l’amène à réclamer le statut d’amant (v.29-
32), puisqu’il ne peut par définition bénéficier de l’état de mari, sinon par fraude. La situation est identique chez Giraudoux (texte
B) où toute la scène semble amener la découverte de la réalité par Alcmène, mais il n’en est rien. Si Jupiter est nommé à la fin de la scène, ce n’est que comme créateur du paysage, non comme être aimé d’Alcmène, à son désespoir.
Dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux (texte C), chacun des deux nobles joue au valet pour tromper l’autre et éprouver sa véritable nature. Mais il ne sait pas que l’autre, dans la même situation, le trompe aussi. On retrouve ici une équivoque constitutive du théâtre de Marivaux, qui joue à la fois sur la psychologie et sur l’aspect social. Silvia et Dorante ne manquent pas d’être étonnés des qualités qu’ils découvrent l’un chez l’autre, en dépit de leur apparence de domestiques. Ils vont jusqu’à soupçonner une meilleure naissance que la leur sans pour autant deviner le même stratagème en face.
Dans le texte D de Racine, le quiproquo est lié au meurtre de Pyrrhus : Oreste a tué celui-ci sur les ordres d’Hermione ; il pense donc avoir satisfait celle qu’il aime, or il n’en est rien (v.11 à 21). Il ne sait pas que cette demande n’était due qu’à une