ENNES ENVOYÉE SPÉCIALE - En 2008, Romeo Castellucci a présenté à Avignon une adaptation de La Divine comédie, de Dante, qui a marqué les esprits. Ce n'est pas le cas de son nouveau spectacle, Le Voile noir du pasteur, qui lui aussi sera présenté à Avignon. La création a eu lieu mardi 15 mars, au Théâtre national de Bretagne, à Rennes. On sentait que tout n'était pas en place, comme cela peut arriver dans des productions aussi sophistiquées que celles de Castellucci. Mais on ne peut s'empêcher de douter que les ajustements gomment l'impression d'un spectacle en creux. Le metteur en scène, scénographe et plasticien italien s'est inspiré d'une nouvelle troublante du père de la littérature américaine, Nathaniel Hawthorne (1804-1864). Un jour, un jeune pasteur de Nouvelle-Angleterre apparaît devant ses ouailles avec un voile de crêpe noir qui lui masque le haut du visage jusqu'à la bouche. Pourquoi ? Personne ne le saura jamais, et le pasteur traversera toute sa vie avec ce voile terrifiant son entourage, comme la marque d'un péché inavouable.
Romeo Castellucci nous fait entrer d'une manière apocalyptique dans cette histoire : une sorte de lave noire en fusion envahit la scène, tandis que retentit le bruit d'un tremblement de terre si fort qu'il cogne jusque dans les entrailles. Des décombres surgit l'immense pièce d'une maison austère, dans laquelle la silhouette du pasteur se couvre le visage de son voile. Pendant ce temps, le début du texte d'Hawthorne est dit par une voix off, et en même temps projeté sur un autre voile, celui de l'avant-scène.
A l'issue de cette première séquence à classer dans les meilleures inventions de Castellucci, le pasteur s'efface, et le texte aussi. On quitte le monde d'Hawthorne pour entrer dans le nôtre, représenté en deux séquences. Dans la première, deux hommes et une femme portent une vitre. La femme lisse ses cheveux, qui tombent par poignées, un des hommes se dénude et s'empale l'anus sur du verre. Dans la seconde, il n'y a plus