Le lion et le moucheron (livre 2)
La noblesse de la description ne correspond pas à la trivialité de ce qui est raconté. Cet écart est avant tout perceptible dans le mélange des termes du registre élevé (« sonner la charge », v. 10 ; « alarme universelle », v. 17) avec ceux du registre bas (l’échange d’insultes au début de la fable). La Fontaine semble par ailleurs insister sur la différence entre la petitesse réelle du moucheron (« chétif insecte », v. 1 et « avorton de mouche », v. 19) et sa conduite lors de la bataille reflétée dans ces périphrases grandiloquentes : « fut le Trompette et le Héros » (v. 11). Le récit du combat contient aussi plusieurs hyperboles qui contribuent à rendre les choses plus grandes qu’elles ne sont : le lion est « presque fou » (v. 14), sa rage est « à son faîte montée » (v. 22) et sa fureur est « extrême » (v. 28). Ce décalage est aussi souligné aux vers 17-18 où l’auteur met en parallèle la dimension …afficher plus de contenu…
De plus, la victoire du moucheron est complètement tournée en dérision par le retournement de situation final. Obtenue avec tant d’efforts, la supériorité de l’insecte face au lion tourne court. La rapidité de sa défaite contre l’araignée, renforcée par l’emploi des octosyllabes, vers plus courts que les alexandrins, est spectaculaire. Ainsi, l’utilisation du registre épique qui permet à La Fontaine de décrire le combat de deux animaux orgueilleux a essentiellement une visée parodique. Au final, les deux « guerriers » sont morts et La Fontaine, par opposition avec le ton pompeux de l’épopée, adopte intentionnellement, pour sa morale, un ton plus