Le sens du beau frery
Depuis toujours, vocation essentielle de l'art= mettre en scène, présenter, incarner, dans un matériau sensible (couleur, son, pierre) une vérité tenue pour supérieure : transposition dans l'ordre de la sensibilité matérielle d'une vérité morale ou intellectuelle.C'est là, au sens platonicien, son Idée. Dans ces conditions, bien sur, la place de l'art ne peut qu'être secondaire par rapport à celle de la philosophie : on voit mal, en effet, ce que la saisie
médiatisée …afficher plus de contenu…
Il appartiendra enfin à Nietzsche de supprimer le monde intelligible. En liquidant le
« monde vérité », Nietzsche liquide aussi les prétentions de la métaphysique à réduire le monde sensible à une apparence. Et puisque la vérité devient une fable, le philosophe doit laisser place à l'artiste. Déclaré non intelligible, l'objet beau et l'esthétique prend l'allure d'un véritable défi lancé à la logique.
Risque du classicisme : perte de spécificité de l'esthétique, réduction de la beauté à représentation sensible de la vérité. Rameau conservera l'idéal d'une musique mathématisée dont les règles seraient aussi certaines que celles de la géométrie ou de …afficher plus de contenu…
Si la beauté n'est que l'expression sensible de la vérité, si cette expression est elle-même pleinement maitrisée par un sujet (l'artiste), l'art sera sans doute supérieur à la nature, car mieux approprié à la réalisation des fins qui sont assignées à la beauté. Mais dès lors, on voit mal comment il pourrait ne pas occuper une place inférieure à celle de la science ou de la philosophie, censées nous livrer un accès plus directe et plus fiable à la chose même. Dans le primat accordé à la nature, une part de la beauté est soustraite au pouvoir de l'esprit, mais c'est aussi par là que l'esthétique peut espérer ne pas se réduire à une théorie de la connaissance inférieure, selon la formule de