Lecture Analytique : "je n'ai plus que les os..." de Ronsard
Vers 1 : « Je n'ai plus que les os, un Squelette je semble » *Ronsard évoque de manière douloureuse sa maladie et sa fin de vie : il prend conscience de la dégradation de son état physique : la déchéance est décrite dans le premier vers, de manière assez abrupte, pour mieux surprendre le lecteur, par deux propositions que sépare une virgule à la césure. La formulation restrictive « Je n'ay plus que les os » rappelle dans sa simplicité la langue parlée (gallicanisme). Le poète recherche avant tout l'authenticité, la sincérité, ce qui explique la force expressive de son propos. La forme négative (« ne pas... », « ne plus.. ») sera répétée dans la suite du poème. Ce renforcement met d'autant plus en valeur la brutalité de l'entrée en scène, de l'entrée en matière. L'auteur ne cherche pas à ménager son lecteur, bien au contraire. Il opte pour le redoublement, puisque la seconde proposition reprend d'une manière pléonastique la première. Les deux hémistiches hexasyllabiques veulent dire strictement la même chose. Bien sûr, l'inversion de la position de l'attribut du sujet (« un Squelette je semble ») contribue, avec l'accentuation sur le mot « Squelette » à la mise en relief du dépérissement du corps. La référence aux os du squelette appelle bien entendu l'image allégorique de la faucheuse. A l'entame du vers, le pronom de la première personne indique que la description (un autoportrait) est pleinement assumée par l'auteur-narrateur. Ronsard se met en scène lui-même en insistant sur l'apparence de son corps. Le lecteur s'imagine le visage émacié d'un grabataire, des rides taillées à la serpe. Une marionnette désarticulée, un gâteux cloué à sa chaise d'infirme dans une chambre de malade, où la mort rôde. Vers 2 : « Decharné, denervé, demusclé, depoulpé, » Dans le deuxième vers, on peut observer une accumulation, une énumération presque fastidieuse d'adjectifs qualificatifs