Lecture analytique l'indigent philosophe de marivaux
Lecture analytique
(proposition de plan)
1) Marivaux est connu pour son théâtre. Mais il a régulièrement collaboré à des périodiques comme le Mercure de France et en fonda même plusieurs, plus ou moins éphémères, dont L’indigent philosophe. Le personnage de l’indigent, marginal, est intéressant parce qu’il révèle un Marivaux mal connu, à l’étroit dans le cadre rigide des genres, plus critique que conformiste en matière de règles, tenu de composer au théâtre avec les contraintes de son temps, mais s’exprimant plus librement dans des genres non codifiés.
2) La sixième feuille de L’indigent philosophe de 1727, forme textuelle qu’on classe parmi l’essai, manifeste parfaitement cette volonté d’en découdre avec les conventions. Marivaux y blâme sans détour les contraintes qui président à l’écriture et leur oppose « le beau désordre de la nature », justifiant son point de vue par le fait que l’esprit humain est somme toute limité. Sujet d’époque et combien sérieux : faut-il assujettir l’esprit créateur à des règles où le laisser à sa fantaisie ? Sujet que Marivaux semble pourtant traiter avec fantaisie, comme en témoigne le ton conversationnel empli d’humour qu’il emploie dans son « essai ». Le choix de ce genre ne semble d’ailleurs pas fortuit puisqu’il échappe à nombre de règles. Et quand on sait que le sujet de ce texte est justement une thèse contre le dogme des règles, on ne peut que s’interroger sur ce choix. En outre, au-delà de cet humour saillant, la présence manifeste d’une argumentation rigoureuse nous rappelle que nous sommes bien en présence d’une thèse qui même si elle se moque des conventions, maîtrise parfaitement celles de la rhétorique. Notre étude s’attachera donc à montrer comment se manifeste cet humour et ce ton conversationnel, comment se construit cette argumentation et ce qu’elle a d’originale, et, enfin, nous verrons combien cette écriture engagée se marie bien avec cette forme hybride qu’est l’essai.
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