Les cloches de la terre
Alain Corbin, Flammarion, Champs,
2000 (première édition 1994)
Alain Corbin, historien francais actuellement professeur a l'Université de Paris-I-Sorbonne, s'est affirmé dès le milieu des années 1980 comme l'un des personnages incontournables du paysage culturel français. Certains de ses ouvrages comme Le miasme et la jonquille (1986) et plus récemment Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) ont rencontré un écho qui dépasse le milieu des historiens. Il représente aujourd'hui un mouvement historiographique dit de "L'Histoire du Sensible" qui se propose de "se tenir à l'écoute des hommes du passé" afin de détecter les passions qui les animaient et de comprendre un monde aujourd'hui disparu.
Ainsi Alain Corbin est à l'origine d'un véritable renouvellement de l'histoire sociale. Délaissant les considérations quantitatives de l'histoire sociale labroussienne, il s'est tourné vers le qualitatif pour élaborer une histoire des mentalités et "ne pas décréter les passions qui animaient (les hommes du passé)" mais plutôt les détecter. Cette approche n'est pas non plus une simple histoire culturelle. Plus que l'analyse des productions culturelles, Alain Corbin s'intéresse aux relations qu'ont entretenu les hommes avec leur environnement sonore ou olfactif, tout en mettant en perspective l'évolution de ces comportements, souvent inconscients, par l'évolution sociale et politique plus globale.
Cette approche développée dans Le miasme et la jonquille (1986) soulève une première série de problèmes qui vont amener une évolution de son approche historiographique. Dans Les cloches de la terre (1994) l'auteur constate que l'étude des mentalités renvoie à l'analyse de sources jusqu'à aujourd'hui ignorées par les historiens et considérées comme insignifiantes en ce qu'elle ne correspondent pas à notre système de valeurs actuel. Dès lors l'histoire du sensible prend