Les fleurs du m
-Quelles sont les circonstances du procès des Fleurs du Mal ?
Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique saisit le parquet pour « outrage à la morale publique » et pour « outrage à la morale religieuse ». Cette dernière accusation est finalement abandonnée. Le 20 août, le procureur Ernest Pinard, qui avait également requis contre Madame Bovary, prononce un réquisitoire devant la 6e Chambre correctionnelle, la plaidoirie est assurée par Gustave Chaix d‘Est-Ange. Le 21 août, Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés respectivement à 300 et 100 francs d’amende, ainsi que la suppression de six pièces (sur les cent que compte le recueil), pour délit d’outrage à la morale publique. Il s'agit des poèmes Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées et Les Métamorphoses du vampire.
Comparé à la puritaine Angleterre victorienne, Paris, sous le Second Empire, est un havre de tolérance où la grivoiserie des pièces de Jacques Offenbach, qui fait l'apologie de l'adultère, du ménage à trois ou des bacchanales orgiaques, ne semble choquer personne. Mais Baudelaire frise la pornographie dans des vers comme :
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aiseÀ mon amour profond et doux comme la mer,Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Dans Les Bijoux
Dans Le Léthé, la « crinière » ne laisse personne dupe :
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblantsDans l’épaisseur de ta crinière lourde ;Dans tes jupons remplis de ton parfum
Le sadisme de À celle qui est trop gaie est sans détour et les lèvres en question trop sexuellement évidentes :
Ainsi je voudrais, une nuit, (…)Comme un lâche, ramper sans bruit,(…) Et faire à ton flanc étonnéUne blessure large et creuse,Et, vertigineuse douceur !À travers ces lèvres nouvelles,Plus éclatantes et plus belles,T’infuser mon venin, ma sœur !
En comparaison, on s'étonnerait presque de la censure concernant Lesbos, un hymne sans fard