« Il y a certainement quelqu’un qui m’a tuée. Puis s’en est allé. Sur la pointe des pieds. » Ces paroles étaient déjà dans Le Tombeau des rois, le premier recueil de poésie d’Anne Hébert. Et elles allaient revenir près de 30 ans plus tard dans Les fous de Bassan. C’est dire à quel point la poésie imprègne l’œuvre romanesque de l’auteur. Mais en quoi le symbole de l’eau révèle-t-il certains thèmes essentiels du roman? D’abord à travers le thème de la vie, ensuite celui du désir et, finalement, celui de la mort.

Pour commencer, le symbole de l’eau reflète indubitablement le thème de la vie dans l’œuvre Les fous de Bassan. Le thème est d’abord exprimé à travers le mystère de la vie et de la mort : « Scrutant le mystère de l’eau […]. Vague après vague elle interroge l’eau pour en tirer un secret. […] Le mystère de la vie et de la mort de ma mère n’aura plus de secret pour moi. » Dans cet extrait, Olivia cherche dans la mort les réponses qu’elle n’a pas pu trouver dans la vie. La mort de sa mère est arrivée subitement, en un coup de vent. Elle n’a pas eu la chance de comprendre. D’ailleurs, elle sera aidée de ses aïeules : «Des voix de femmes sifflent entre les frondaisons marines, remontent parfois sur l’étendue des eaux […]. » Comme si elles voulaient lui montrer que, finalement, il n’est pas question de la fin d’une vie, mais bien du commencement d’une nouvelle.
De plus, une image très forte traite de la vie, soit la naissance. Dans un extrait du livre de Nora, celle-ci explique qu’elle est née de l’océan. Elle rêve encore de pouvoir vivre sous l’eau, comme elle le faisait avec aisance dans le ventre de sa mère. Aussi, dans l’extrait qui suit, le gonflement de l’eau est comparé au gonflement du ventre d’une femme enceinte : « […] je regarde l’étendue de l’eau à perte de vue, se gonfler, se distendre comme le ventre d’une femme sous la poussée de son fruit. » Donc, l’eau représente bien le thème de la vie dans l’œuvre étudiée entre autres à