Les medias au burkina faso
Nicolas LAMBrEt
Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication Université Panthéon-Assas Paris II
Le paysage médiatique du Burkina Faso ne saurait être réduit à la seule dimension économique de cet État sahélien. À la fois quantitativement riches et pluralistes, ces médias protéiformes, qui profitent indéniablement du processus de démocratisation initié en 1987, restent cependant largement déterminés par des pesanteurs structurelles fortes : déficit de formation des journalistes et des techniciens, autocensure, corruption, faiblesse des ressources publicitaires locales, et étroitesse du marché du fait de pesanteurs techniques et humaines importantes. Comme dans la plupart des agglomérations ouest-africaines, les NTIC connaissent à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso un essor indéniable. Mais, en l’état, ces technologies ne peuvent suffire à garantir l’accès à une meilleure information à des populations burkinabè encore très peu familières du réseau Internet. Pour autant, de nombreux indicateurs semblent porteurs d’un certain optimisme quant à l’évolution prochaine des médias au « Pays des hommes intègres ». Si l’état de développement d’un pays peut parfois s’appréhender au travers de ses médias, force est de constater que le paysage médiatique burkinabè n’est en rien comparable à ce qu’on pourrait attendre d’un PMA si pauvre et si discret sur la scène médiatique mondiale. Doté d’une superficie de quelque 270 000 km2, le Burkina Faso est un pays enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, limitrophe de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Ghana, du Togo et du Bénin. Ses 16 millions d’habitants sont très inégalement répartis sur le territoire national (23 habitants/ km2 à l’Est et dans la région des Cascades, à l’Ouest, tandis que le Centre compte 460 habitants / km2), pour une densité de population moyenne de 59 habitants au km2. La capitale burkinabè, Ouagadougou, en pays mossi, devance très nettement les autres centres