Les misérables
[Amorce] La fin d’un roman coïncide souvent avec la mort du protagoniste, qui donne son sens à l’œuvre : par exemple, Manon Lescaut à la fin du roman de l’abbé Prévost. [Présentation du texte] Au xixe siècle, Victor Hugo clôt LesMisérables par le récit de l’agonie de l’ancien forçat racheté, Jean Valjean, qui adresse ses dernières paroles à Cosette, sa fille adoptive, et à son mari. [Annonce des axes] Cette scène d’adieu est chargée d’émotions et de grandeur [I]. Derrière le portrait de son héros mourant, véritable modèle d’humanité, Hugo transmet au lecteur sa vision du monde[II].
I. Une scène chargée d’émotions1. Le décor et les personnages
Le lecteur est plongé dans une chambre mortuaire familiale et intime. Cette intimité est soulignée par les contrastes avec les autres décors mentionnés dans ses souvenirs (« le bois », « les ruisseaux », « les forêts », « les arbres ») et la perspective du « ciel ». Hugo joue sur des effets de luminosité pour créer une atmosphère émouvante : la « lueur des deux chandeliers » (l. 40), « dans l’ombre » (l. 44), « nuit sans étoiles et profondément obscure » (l. 43).Les attitudes des personnages prennent aussi une valeur symbolique : « mets-toi à genoux » (l. 22), « tombèrent à genoux » (l. 37), « couvrir ses mains de baisers » (l. 42), « têtes bien-aimées, que je mette mes mains dessus » (l. 36). Les gros plans sur les « mains augustes », la « face blanche » et les visages « étouffés de larmes » du jeune couple ont un fort pouvoir émotif. Ce sentiment est accentué par les oppositions entre la jeunesse du couple et la vieillesse et l’agonie du héros, entre malheur et bonheur, entre passé et présent, symbolisés par les « mains rouges » de Cosette enfant et les « mains blanches » de Cosette adulte.La scène baigne dans une atmosphère religieuse : elle est dominée par la figure tutélaire de Dieu qui « est là-haut ». Le champ lexical et les éléments de la religion parcourent tout le texte : « bénis » (l. 34), «