Les prélèvements obligatoires
Philippe Frémeaux | Alternatives Economiques Hors-série n° 056 - février 2003
Les libéraux présentent les prélèvements obligatoires élevés comme une menace pour la croissance. Un discours qui ne résiste pas aux faits.
Si le capitalisme se caractérise par l'essor de l'économie marchande et de l'entreprise privée, l'Etat a toujours joué un rôle essentiel dans le développement économique et social. Au point qu'aujourd'hui, dans toutes les démocraties, la bonne marche de l'économie et le niveau de l'emploi sont parmi les enjeux majeurs du débat politique
Prélèvements obligatoires et croissance : pas de corrélation forte
La mise en relation des taux de prélèvements obligatoires (PO) et du rythme de croissance pays par pays ne fait pas apparaître de corrélation significative. Le Japon stagne depuis dix ans en dépit de son faible taux de prélèvements,tandis que la Suède réalise d'excellents résultats, malgré son haut niveau de prélèvements.
Les différences de taux de prélèvements ne permettent pas non plus de rendre compte de la plus ou moins grande efficacité de l'Etat et des services publics. Ils reflètent surtout les choix réalisés dans l'architecture de la protection sociale. Dans les pays où les garanties sont élevées et assurées de manière universelle, le financement de la protection sociale est comptabilisé comme un prélèvement obligatoire. En revanche, là où la protection est assurée par des systèmes d'assurances non obligatoires, les primes versées aux assureurs pour la maladie ou la retraite ne sont pas considérées comme des prélèvements obligatoires.
Ainsi, les Etats-Unis consacrent 17% de leur PIB en dépenses de santé (contre 11,5% en France), alors que le budget des administrations publiques est très inférieur à ce qu'il est en France, parce que la couverture maladie n'y est pas obligatoire. En effet elle n'est pas garantie à tous: plus de 40 millions d'Américains n'en bénéficient pas… Si