Lettre ouverte aus travailleurs
Vous me dites que la paresse est mère de tous les vices .Voilà bien une vieille rengaine que votre société d’actifs aime à répéter à ceux qui comme moi ,on fait le choix d’une heureuse diversité .La paresse engendre de bien viles, de bien laides et de bien coupables pensées., et criez même au scandale, à l’injure ignominieuse faite à ceux qui se lèvent chaque matin, à cette France qui travaille.
J’entends cela mais je ne puis y adhérer .J’ai fait un choix et le revendique pleinement ! Je veux et je me reconnais le droit d’être paresseux .Je ne veux rien faire et m’autorise à dire non à votre société du labeur méprisant .Non à toute agitation permanente ! Non aux cadences infernales, à cette course effrénée qui nous accable et nous tue. Non à vos nouveaux maîtres qui chantent une hideuse litanie sur le mérite nauséabonde de la performance, de l’endurance et de toutes les autres mises en concurrence.
Vous me rétorquez que le monde avance, qu’il évolue et qu’il n’est de pire parasite que ceux qui l’abordent avec dilettantisme .Vous m’accusez même de nuire, de ne point être utile à la société des hommes. Mais que sont les choses utiles ? Gautier, à qui un détracteur affirmait que l’art se devait d’être utile, lui répondit fort poliment « qu’il n’est d’utile dans le quotidien de hommes que les latrines ». Non messieurs, je vous renvoie à votre fange et me retire célébrer un art de vivre trop subtil sans doute pour de bien sottes gens.
Sachez, messieurs, que la paresse a bien des vertus en somme; et que du temps qui passe, elle en fait bonne usage .Ne rien faire c’est déjà faire beaucoup .Vivre pleinement, intensément chaque instant.