Lettre sur la tolérance - locke
1ere explication
Dans cet extrait, Locke se demande en quelle mesure une croyance religieuse peut être prescrite et ordonnée par le pouvoir civil. Il estime clairement qu’il n’appartient aucunement au magistrat de légiférer en matière de religion, que la fin de l’Etat n’est pas de contraindre les consciences, d’autant plus qu’elles sont par nature libres et qu’aucune force ne saurait infléchir les jugements individuels. Ce qui est en jeu ici, c’est donc le sens de la foi religieuse et les limites du pouvoir d’Etat ainsi que la condition de sa légitimité.Quelles sont en effet les conditions et les limites du pouvoir civil ? Sur quoi ce pouvoir s’exerce-t-il ? Quelle est la fin des lois auxquelles nous obéissons ? Le droit a-t-il pour fonction d’ordonner les consciences individuelles ? Peut-on seulement forcer le jugement et la pensée ? Quel pouvoir peut prétendre ainsi avoir prise sur la liberté de notre pensée ? Nous verrons dans un premier temps comment Locke fonde la liberté des consciences et définit les limites de l’exercice légitime du pouvoir civil puis, dans un second temps, en quel sens la liberté des consciences peut apparaître comme le fondement de tout Etat de droit.
*Le pouvoir d’Etat doit-il se mêler des affaires de foi et peut-il prétendre gouverner les consciences ? Tout l’enjeu de la réflexion de Locke consiste ici à souligner que le fondement même de tout pouvoir légitime est de se borner à légiférer sur les actions qui engagent la vie en commun des hommes et les relations qu’ils ont entre eux, non ce qui les concernent en propre, tout particulièrement ce qui est relatif au « salut de leur âme », question qui ne relève que d’un choix intime et d’une persuasion proprement individuelle. Il s’agit donc très clairement pour ce penseur de marquer les limites du pouvoir d’Etat, de séparer précisément le domaine public des lois et les conditions de leur application légitime du domaine privé, domaine qui