Lettre à Boris Vian
Conseiller Municipal de la Ville de Paris
A Monsieur Boris VIAN
Monsieur,
A mon grand regret, je vous annonce la censure de votre texte "Le Déserteur," adapté en chanson par Monsieur MOULOUDJI.
Ce n'est pas la jolie mélodie qui l'accompagne, ni le timbre de voix de son interprète qui m'amènent à cette douloureuse décision, mais les propos offensants qui y sont tenus.
Je suis indigné par votre arrogance et votre impertinence à l'égard de notre Gouvernement. Notre bien-aimé Président, cet homme valeureux, a dignement servi sa Patrie lors de la Grande Guerre. Il est de fait, entré dans l'Histoire de la France . Lui seul a su comprendre ses compatriotes. Ainsi, ne mérite-t-il pas votre ironie malsaine en guise de reconnaissance, même en version poétique que j'imagine, vous qualifierez d'idéaliste.
Tout comme notre Cher Président, je fais partie des Anciens Combattants ; j'ai servi mon pays avec bravoure et courage, au péril de ma vie. Je n'ai jamais fléchi à mon devoir de soldat. Votre incitation à la désertion me paraît donc une grave insulte ! Insulte comme je l'ai dit, à notre Président, mais aussi à la Patrie, aux Anciens
Combattants et à tous ceux qui sont tombés pour la France. Tous ceux qui , pour ne dire que quelques mots, sont tombés pour notre Liberté!
Et pensez bien, Monsieur le Poète, que déserter est un sacrilège, déserter est même l'acte ultime de trahison envers son pays. En cas de guerre, son auteur serait immédiatement passé par les armes.
Songez-y, Monsieur le Fantasque!
Pour faire une bonne