Lettre
Préambule ( § 122 )
1°) Epicure relie ici par le principe de causalité l’acte de philosopher et le bonheur: pour être heureux il faut pulvériser (réduire en poudre, atomisme) les opinions vaines qui, comme des fantômes nous font souffrir. Ce préambule promet beaucoup: rien de moins que la possibilité d’être heureux dans ce monde, offerte à tous ceux qui souffrent moralement et physiquement: c’est la promesse d’un bonheur terrestre donné dans l’existence, ici et maintenant! Pour ainsi dire on attend Epicure « au tournant »: le texte va-t-il tenir ses promesses et l’acte de réflexion sera-t-il capable de détruire nos peurs en les « bombardant » (atomisme).
2°) Pour Epicure, s’adonner à la philosophie est une nécessité pour n’importe quelle génération. En effet, le fait de philosopher doit être continu. Il implique le jeune car c’est sa condition pour mieux vieillir. Philosopher implique donc une anticipation de l’avenir pour mieux atteindre le bonheur. D’ailleurs Epicure se consacrera très jeune à la philosophie. Il assistera aux cours de Xénocrate avant de fonder sa propre école, Le Jardin (307 av J.C). Comme nous sommes libres, il est donc nécessaire de conduire, diriger notre vie dès la jeunesse par la philosophie. Le vieillard doit se souvenir des moments de plénitude de son passé. En effet, le souvenir du passé n’est pas l’expression d’une nostalgie pour le vieillard, mais la possibilité de redynamiser son existence actuelle et donc de « rajeunir ». Nous devons rester libre même à travers les âges. La philosophie est une sorte d’antidote contre le temps pour le vieillard, cela participe à son propre bien être. L’acte de philosopher implique ainsi le jeune car il sera la vieillard, ainsi sa conquête de la vérité et du bonheur perdurera à travers les années. Par ailleurs le vieillard de par son expérience aura acquis les principes de la philosophie (épicurienne) et pourra ainsi transmettre son savoir au