Litterature negro-africaine
Par Tirthankar Chanda
Née au siècle dernier, dans le creuset de la littérature coloniale et ethnologique, la littérature africaine d’expression française a très tôt affirmé son indépendance vis-à-vis de ses modèles coloniaux, en arrimant solidement ses productions aux préoccupations et revendications du peuple africain dominé et en créant ses propres institutions. Ses premiers poètes et romanciers ont pour noms René Maran, Léopold Sédar Senghor, Camara Laye, Sembène Ousmane...
La littérature sub-saharienne d’expression française est la dernière-née des littératures francophones.
Jeune, mais bientôt centenaire, elle fait preuve d’un dynamisme et d’une inventivité exceptionnelles, démentant la prévision d’Albert Memmi qui écrivait en 1966 «la littérature colonisée de langue européenne semble condamnée à mourir jeune»! Force est de reconnaître que l’auteur du Portrait du colonisé s’était lourdement trompé, n’ayant pas su mesurer la complexité des rapports (amour/haine) qu’entretiennent les colonisés du monde avec les langues de leurs anciens maîtres.
Dans ce domaine, on cite souvent l’exemple du sous-continent indien où l’anglais continue d’être enseigné soixante ans après le départ des Britanniques. Ceci n’est sans doute pas étranger à la place prééminente qu’occupent les écrivains indiens aujourd’hui dans la galaxie francophone. Les littératures nouvelles en langue française semblent promises à un destin également exceptionnel, si l’on en croit les signataires d’un récent manifeste annonçant la fin de l’hiérarchie littérature française/littératures francophone et l’émergence à son tour d’une «littérature-monde» en français. On est loin de l’extinction annoncée.
La littérature africaine subsaharienne d’expression française est née au début du XXe siècle, dans la période de l’Entre-deux