Loreal
Enfin détendu. En ce vendredi 17 mars, au siège de L'Oréal, à Clichy, Lindsay Owen-Jones, patron du n° 1 mondial des cosmétiques, apparaissait, pour la première fois depuis longtemps, très souriant. Bien sûr, le rachat de The Body Shop, annoncé le jour même, n'était pas étranger à cette joie sans mélange. Mais, surtout, le Britannique, qui a régné durant dix-huit ans sur l'une des plus belles entreprises du CAC 40, va quitter sa présidence opérationnelle le 25 avril, avec l'enivrant sentiment du devoir accompli. En deux décennies, le groupe créé en 1907 par Eugène Schueller s'est développé à marche forcée, affichant un chiffre d'affaires 2005 de 14,5 milliards d'euros et, pour la vingt et unième année d'affilée, une croissance à deux chiffres de ses bénéfices. Un parcours exemplaire, malgré les aléas conjoncturels, qui a permis de transformer L'Oréal, entreprise franco-française, en une multinationale présente dans 130 pays et distribuant plus de 4,5 milliards de produits par an.
Lorsque, en 1988, Lindsay Owen-Jones prend les rênes de L'Oréal, le groupe est déjà puissant, pérennisé par un actionnariat stable - avec Liliane Bettencourt, la fille d'Eugène Schueller, pour propriétaire majoritaire. Laboratoire en pointe dans l'innovation et le marketing, l'entreprise est également une fabrique de cadres de choc, «prêts à tout pour récupérer un demi-point de part de marché dans les endroits les plus reculés», affirme un expert. Mais, au début des années 1990, c'est une société presque exclusivement franco-française, malgré des filiales en Europe et un partenariat aux Etats-Unis. «A l'international, nous étions des nains», reconnaît Jean-Pierre Valeriola, ancien vice-président du groupe. Avec Lindsay Owen-Jones («OJ» pour ses 52 400 employés), L'Oréal va devenir une multinationale de la beauté - les ventes dans l'Hexagone ne représentent plus que 12%