Lysias, contre erathostène
Lysias, l’un des plus grands orateurs attiques, a été, en tant que métèque, victime de la tyrannie des Trente, et a vu plusieurs membres de sa famille assassinés et ses biens confisqués. Une fois la démocratie restaurée, il intente un procès à Ératosthène, l’un des principaux responsables de ce qu’il s’est passé, et prononce un discours, le Contre Ératosthène, dont nous avons ici un extrait, et dans lequel il fait un tableau des méfaits dont il a été victime. Comment Lysias parvient-il à présenter la situation à son avantage ? Nous nous intéresserons tout d’abord à la façon dont il introduit son discours, puis nous nous pencherons sur le portrait accablant qu’il dresse des Trente.
I. Une introduction au plaidoyer A) Une présentation de son statut de métèque 1) Évocation du père, figure d’autorité et de respectabilité, dont la venue est légitimée par l’invitation de Périclès
• « Κέφαλος ἐπείσθη ὑπὸ Περικλέους ἀφικέσθαι » : Képhalos fut persuadé par Périclès de s’installer
→ utilisation d’un passif : ἐπείσθη
→ Périclès = la plus haute autorité du pays
• « ἔτη δὲ τριάκοντα ᾤκησε » : il y habita pendant trente ans
→ la durée aussi est garante de légitimité ; complément à l’accusatif 2) Tableau à décharge : volonté de montrer qu’ils ont été exempts de toute critique
• « οὐδενὶ πώποτε οὔτε ἡμεῖς οὔτε ἐκεῖνος δίκην οὔτε ἐδικασάμεθα οὔτε ἐφύγομεν » : jamais ni lui ni moi n’avons intenté de procès ni n’avons été accusés
→ répétition des négations : effet d’insistance voire d’aggravation
→ effets d’assonances voulus qui créent un effet oratoire
• « μήτε εἰς τοὺς ἄλλους ἐξαμαρτάνειν μήτε ὑπὸ τῶν ἄλλων ἀδικεῖσθαι » : à ne pas commettre de tort envers les autres ni à subit d’injustices de leur part
→ mêmes effets que dans l’exemple précédent
B) Une exposition des faits
1) Interpellation : ses malheurs sont équivalents à ceux des juges
• « ὡς ἐγὼ περὶ τῶν ἐμαυτοῦ πρῶτον εἰπὼν καὶ περὶ τῶν ὑμετέρων ἀναμνῆσαι