Apparue au Moyen-Age grâce au roman de cour, la fin'amor continue d'influencer les poètes de la Renaissance. Ainsi, Pierre de Ronsard, chef de file de la Pléiade, déclare-t-il, dans son madrigal "Si c'est aimer, Madame" paru en 1578 dans le recueilSonnets pour Hélène, son amour à Hélène de Surgères tout en évoquant le malheur que celui-ci lui procure parfois. Il s'agira donc de comprendre comment ce poème s'inscrit dans la tradition courtoise. Nous nous intéresserons initialement à la déclaration amoureuse que constitue ce poème avant d'analyser comment cet amour se révèle quelque peu douloureux pour Ronsard. Il convient d'abord de remarquer que Ronsard instaure ici un dialogue fictif entre lui et sa belle ainsi qu'en témoignent la présence des marques de la 1ère et de la 2ème personne comme "de me perdre moi-même" v6, "de vivre en vous" v 9 ou "je vous aime" v 15. L'apostrophe "Madame" au v 1, renvoyant d'ailleurs à la Dame ou Domina de la fin'amor, entame cette déclaration qui se déclinera au fil du poème. L'assonance en [é] v 2 notamment "rEstEr, songEr, pensEr " souligne cette interpellation. Par ailleurs, en marquant son respect envers la Dame avec le recours au voussoiement et l'évocation de sa beauté physique grâce à la métonymie "Beauté" du v 4, Ronsard signifie qu'il idéalise la femme aimée comme le valeureux chevalier de l'amour courtois. Mais malgré cela l'aveu de son amour parait bien difficile pour le poète. Son incertitude se trouve en effet exprimée grâce à l'anaphore aux v 1, 5, 9 et 14 de la proposition hypothétique "Si c'est aimer". Ronsard semble tourmenté. Des expressions comme "pleurer" "crier merci" v 8 ou "me taire" suggèrent que le poète peine à s'exprimer oralement; les mots lui manquent. Submergé par l'émotion, il est dépossédé de son langage. Cette incapacité à verbaliser sa déclaration est renchérie par des images de silence comme "taire" au v 7 et surtout "la langue est muette" v 16.La difficulté de cette déclaration est d'autant