Maison nucingen
Après avoir tiraillé dans le cercle des personnes de connaissance, la Médisance1 se mit à fusiller les amis intimes. Un signe suffit pour expliquer le désir que j’avais de rester et d’couter au moment où Bixiou2 prit la parole, comme on va le voir. Nous entendîmes alors une de ses terribles improvisations qui valent à cette artiste sa réputation auprès de quelques esprits blasés3, et, quoique souvent interrompue, prise et reprise, elle fut sténographiée4 par ma mémoire. Opinions et formes, tout y est en-dehors des conditions littéraires. Mais c’est ce que cela fut : un pot-pourri5 de choses sinistres qui peint notre temps, auquel l’on ne devrait raconter que de semblables histoires, et j’en laisse d’ailleurs la responsabilité au narrateur principal. La pantomime6, les gestes, en rapport avec les fréquents changements de voix par lesquels Bixiou peignait les interlocuteurs mit en scène, devaient être parfaits, car ses trois auditeurs laissaient échapper des exclamations approbatives et des interjections7 de contentement.
- Et Rastignac t’a refusé ? dit Blondet à Finot.
- Net.
- Mais l’as-tu menacé des journaux, demanda Bixiou.
- Il s’est mis à rire, répondi Finot.
- Rastignac est l’héritier direct de Feu de Marsay, il fera son chemin en politique comme dans le monde, dit Blondet.
- Mais comment a-t-il fait sa fortune, demanda Couture. Il était en 1819 avec l’illustre Bianchon8,