Marivaux le jeu de l'amour et du hasard
Introduction
Dans la première scène du Jeu de l’amour et du hasard, Silvia, la fille de M. Orgon, s’inquiète du prétendant que son père a choisi pour elle alors que Lisette, sa femme de chambre, défend l’idée du mariage. M. Orgon a demandé à Lisette si sa fille était contente à l’idée de se marier ; la servante a répondu qu’elle l’était. Silvia lui en fait le reproche. Une querelle s’ensuit, concernant le mariage : aux certitudes conformistes de l'une s'oppose l'inquiétude de l'autre, et c'est la surprise de la suivante devant les idées pour le moins inattendues de sa maîtresse qui déclenche l'explication des craintes que ressent Silvia. On voit ainsi se mettre en place, très clairement, à la fois les premières données de l'intrigue et le rôle de chacun des personnages mis ici en situation. Tandis que Lisette s'enthousiasme pour l'apparence sans reproche du prétendant prévu par M. Orgon, celle-ci fait valoir les décalages toujours possibles — et déjà perçues autour d'elle — entre cette apparence souvent trompeuse et une réalité bien différente.
La lecture analytique du texte pourra s'attacher à analyser ce qui se révèle à la première lecture : l'importance du rôle de Lisette comme « révélateur » d'un conformisme dont Silvia se méfie, et les craintes de Silvia. On pourra alors s'interroger sur la fonction précise des trois portraits brossés par la jeune fille.
Axes de lecture : I Le rôle de Lisette II Les craintes de Silvia
III Etude des trois portraits
I. LE RÔLE DE LISETTE
Les répliques de Lisette sont, de manière générale, plus brèves que celles de Silvia, mais elles se révèlent très efficaces. Elles semblent avoir en effet pour fonction de conduire Silvia à s'expliquer et à justifier un point de vue inattendu. Elles servent également à ponctuer et relancer le long discours de Silvia sur l'apparence et la réalité.
a) L'expression de la surprise et du conformisme
1) Il n'y a