Monarchie de juillet
Lors des Trois Glorieuses (1830), il est de ceux qui poussent Louis-Philippe d’Orléans à prendre le pouvoir. Vers la fin de 1830, il est tenté d’évoluer nettement vers la gauche, mais il est épouvanté par la mollesse de Jacques Laffitte face à l’agitation, particulièrement après le sac de Saint-Germain-l'Auxerrois en février 1831, et rejoint alors le parti de la résistance. L'énergique Casimir Perier, qui succède à Laffitte, le subjugue et restera comme son modèle en politique.
Après la mort de celui-ci, il entre, le 11 octobre 1832, dans le premier ministère Soult au poste-clé, en ces temps troublés, de ministre de l'Intérieur. Avec Guizot et le duc de Broglie, il forme une triade de « talents supérieurs » qui domine le ministère.
À cette époque, Thiers plaît à Louis-Philippe, qu’il sait divertir et flatter. Mais la famille royale le déteste. La reine Louise, qui le surnomme « le poney blanc », s’exclame après sa nomination au ministère de l’Intérieur : « Un homme sans tenue, sans probité politique ! »[4].
En novembre 1833, il épouse Élise Dosne, fille aînée de sa maîtresse, Euridice Dosne, femme d’un riche agent de change. Ce mariage lui vaut une très grande fortune, mais ne lui donne aucune position sociale solide.
Insensiblement, alors que la monarchie de Juillet se stabilise, la menace républicaine étant définitivement éliminée avec les lois de septembre 1835, Thiers évolue vers le centre gauche, puis vers la gauche. Cette évolution est encouragée par le roi, qui cherche à le détacher de ses amis doctrinaires Guizot et Broglie pour mieux affirmer son propre pouvoir. Aussi, après que la Chambre des députés a renversé le ministère Broglie, Louis-Philippe va nommer Thiers chef du gouvernement une première fois du 22 février au 6 septembre 1836.
Talleyrand encourage Thiers à accepter : « Monsieur, l’Europe vous attend »[5], non sans mettre en garde le roi[6]. Thiers n’ignore pas que les relations risquent de