muftis internet
Les Muftis du Web
A chaque semaine son buzz et celui qui explose les scores de YouTube au Maroc. Le mois écoulé pourrait bien constituer un précédent. Avec 500 000 vues cumulées en seulement 3 jours, Cheikh Sar bat tous ses confrères habitués du minaret physique et ouvre la voie vers la fatwa 2.0. Analyse d’un nouveau phénomène sur la Toile marocaine.
Il n’y a rien de plus anodin que deux personnes qui s’échangent des embrassades, des accolades devant la caméra. Pourtant, c’est bel et bien le sujet grâce auquel Cheikh Sar, animateur de chaine YouTube et pourfendeur des mauvaises mœurs, a pu exploser ses scores d’audience. Le secret de sa réussite reprend une recette éprouvée par moult chroniqueurs sur YouTube : un pitch bien écrit, un montage semi-professionnel et une touche d’humour. Mais l’ingrédient qui lui a permis d’exploser les compteurs, est résolument la touche religieuse. Cheikh Sar est l’avant-garde d’un genre nouveau de chroniqueurs web, les e-muftis. Ces animateurs «halal» se posent comme pourfendeurs des atteintes à la foi, critiquent des comportements qu’ils jugent contraires aux préceptes de l’Islam. Chaque sujet est traité avec véhémence, mais aussi avec humour et dérision pour mieux s’attaquer aux «mécréants». Bien qu’ils ne soient pas habilités à la prêche, ces muftis du Web se donnent pour mission de pointer du doigt et de la langue bien pendue tout ce qui ne va pas dans la société et de dispenser des conseils pour corriger les dysfonctionnements contraires à la religion. Quant à la raison d’un tel succès, pour Cheikh Sar et ses confrères, l’hypothèse la plus plausible réside dans le sentiment de proximité temporelle et virtuelle. Ce ne sont pas des érudits à la barbe grisonnante, mais des «enfants du peuple» qui parlent dans un langage bien de chez nous et mettent la religion, ou du moins leur version du dogme, à la portée de tout le monde. Ce prime de l’émission «Lalla Laâroussa» sur Al Oula où deux couples se donnent