Mémoire
«L’ambiance de l’après midi était, comme bien souvent, électrique. Plusieurs confrontations entre jeunes avaient eu lieu plus tôt dans l’après-midi, certains étaient partis en sortie non-autorisée, d’autres en fugues. Il est 20h30, nous venons de finir de manger et les jeunes ont déjà quitté le service pour rejoindre, devant notre pavillon, les adolescents des services voisins. Après un moment d’échange avec Benoit [1] sur la journée et le repas que nous venions de passer et nous transmettions sur le cahier de liaisons les différentes informations et observations. Cela faisait plusieurs jours qu’avec Benoit, nous souhaitions travailler ensemble sur un temps de soirée afin de jouer de la guitare et d’en évaluer l’impact sur les jeunes. Nous nous posons dans le bureau, la porte donnant sur l’extérieur grande ouverte et commencions à jouer quelques notes. Rapidement, Marine, une jeune adolescente du service voisin nous rejoint et nous demande si elle peut rester avec nous. Cette jeune fille est très discrète, timide et n’échange que très peu avec les adultes. Elle nous écoute pendant cinq minutes puis nous dit : « Vous savez, moi à l’école j’apprends à jouer de la flûte ». Nous la convions à prendre son instrument qui était soigneusement rangé sur son bureau puis nous rejoindre… Il est maintenant 21h30, cela fait presque 1h que nous jouons tous les trois. Tous les adolescents de notre service et quelques-uns du service voisin sont dans le bureau, silencieux »[2]. Ce fût ce soir là, depuis mon arrivée sur le service, la première fois où ces adolescents rentraient dans le pavillon naturellement, sans avoir besoin d’intervenir. C’était également l’une des première fois où Marine communiquait avec nous et je pouvais voir les jeunes de notre groupe ensemble, calmes, silencieux et posés. Que c’était-il passé ? En quoi la musique avait-elle pu éveiller chez ces jeunes une forme de curiosité, une attirance qui les avaient conduits à se réunir autour de