On peut voir que la lumière vient de la gauche : le soleil se lève, éclairant Vénus qui se réveille. Il y a peu de contrastes, les couleurs sont claires.La Vénus de Cabanel ondule autour d’un horizon bien plat pour susciter le moindre élan. La ligne d’horizon, située à l’arrière traverse le corps de Vénus et donne l’impression qu’elle flotte légèrement au-dessus de l’eau. Une impression de clarté et de fraîcheur se dégage de cette toile. Une lumière douce produit des teintes qui évoquent les marbres antiques sans leur soleil méditerranéen. Le corps se découpe sur un ciel dont le très doux dégradé du rose au bleu, les tons nacrés des roses de la peau qu’il reprend. Le corps de la femme est réaliste, dans les moindres détails. La peau de Venus est douce et fraîche, prête à l’offrande dans l’ondulation des reins, de la chevelure et du mouvement des jambes ! Le modelé fait penser au marbre ou plutôt à la pâte d’amande. Cheveux autour du poignet, déhanchement de la cuisse droite, pliure du genou, cambrure des reins, toutes ces ondulations, font de cette Vénus, sous couvert d’un prétexte antique, une créature abandonnée, posée sur une cascade de cheveux roux, offerte et consentante, partenaire sexuelle idéale, tout étant traduit par le réalisme. Le corps de la déesse est idéalisé : les contours sont parfaitement définis, les courbes sensuelles accentuées, et toute pilosité a disparu. Or, la position alanguie, les bras rejetés derrière la tête, le sourire et le regard coulés vers le spectateur ne sont pas dénués d’ambiguïté. Ses yeux, qui semblent être fermé mais qui, en réalité demeure ouverts. Un nu qui pourrait être endormi ou éveillé est particulièrement redoutable pour un spectateur masculin, permettant ainsi d’attirer, de séduire et d’introduire le désir et l’effet réaliste dévoilé par la toile. Une esthétique dominante, ou l’exactitude le dispute à la profusion de détails et à la trop grande richesse de cette toile.