Néron né le 15 décembre 37, est le cinquième et dernier empereur romain de la dynastie Julio-claudienne. Il accède au trône le 13 octobre 54, à la mort de son grand-oncle et père adoptif Claude (Claudius). Il fut dépossédé de son pouvoir en 68 et fût contraint à se suicider. Néron symbolise depuis des siècles la Rome décadente. Empoisonneur, matricide, supposé incendiaire, débauché, monstre humain par excellence, et même, en cette période d'émergence du christianisme, il aurait été le premier persécuteur, l'Antéchrist en personne. Doit-on croire en ce mythe du Tyran sanguinaire, fou et mégalomane ? Ou plus simplement, à l'inverse de ce qui s'est passé pendant 2000 ans, essayer de lire entre les lignes de sources qui n'ont cessé de noircir son portrait en négligeant tout ce qui pouvait l'innocenter ou nuancer le tableau ? C'est en tout cas le sens dans lequel va l'historiographie depuis un siècle, malheureusement peu suivie par l'imaginaire qui, de la littérature au cinéma, trouve plus fascinant le Néron Tyrannique que l'homme complexe de la réalité.

I - La personnalité de Néron
Il serait absurde de vouloir réhabiliter Néron en soutenant qu’il était un empereur compétent et un homme équilibré. Il n’en faut pas moins tenter de déblayer un terrain encombré par nombre de légendes douteuses. Nous tacherons de comprendre dans quel environnement il a évolué et quels sont les traits de caractère qui peuvent expliquer ses actes démesurés.

1) Une enfance malheureuse et instable
Il est séparé de sa mère vers l’âge de deux ans, lorsque celle-ci, impliquée dans la conjuration contre son frère Caligula, est contrainte à l’exil. Son père est tué en 40 et Caligula confisque l’héritage à Néron son neveu. En 41, lors de l’avènement de Claude (frère de Germanicus dont Agrippine est la fille) et du retour de sa mère, Néron a quatre ans et a souffert jusque-là de l’absence de ses parents et vécut dans une demi-pauvreté chez sa tante Domitia Lepida. Agrippine détestant sa