Paratextualité dans le Rouge et le Noir
Master 2 lettres modernes
UEF 33
Sujet : Dans quelle mesure le « Projet d’article sur Le Rouge et le Noir » adressé à V. Salvagnoli contribue-t-il à éclairer le roman ?
Dans son ouvrage intitulé Seuils, Gérard Genette définit la paratextualité comme « un ensemble hétéroclite de pratiques et de discours de toutes sortes [que] fédère une communauté d’intérêt, ou convergences d’effets » : présenter le texte, assurer sa réception et sa consommation. Au sein de l’épitexte (c’est-à-dire « tous les messages qui se situent, au moins à l’origine, à l’extérieur du livre ») relatif au Rouge et le Noir, un texte en particulier doit retenir l'attention de n'importe quel critique du fait qu'il fut écrit par Stendhal lui-même. Stendhal critique de Stendhal : ce cas d'auto-interprétation pose le problème des intentions d'auteur. Un écrivain est-il toujours le meilleur lecteur de son œuvre ? La connaissance des projets, des intentions d'un écrivain permet-elle d'épuiser le sens de son œuvre ? On sait bien qu'un immense pan de la littérature, sinon la majorité des œuvres, ne pose pas ce problème de l'intention et que cet enjeu ne naît qu'avec la notion moderne d'auteur. Cependant, depuis la reconnaissance juridique du droit d'auteur, impossible de passer outre ce problème et l'histoire de la réception révèle de nombreux cas de conflit entre l'auteur et le lecteur (le plus célèbre étant certainement celui de René). Le cas de Stendhal nous permet de poser concrètement le problème, au-delà des querelles théoriques sur le sujet. En 1832, Stendhal adresse un article à l'avocat Salvagnoli en vue de présenter Le Rouge et le Noir aux lecteurs italiens. Ce projet d'article (à la fin duquel Stendhal propose à son ami de le réécrire, celui-ci n'étant qu'une « ossatura ») se compose d'un bref aperçu des mœurs françaises de l'époque, de la situation du roman en France (de la prise en compte de sa production et de sa consommation), et d'un résumé du roman. Mais