Parfum exotique de Charles baudelaire
Intro : Les Fleurs du mal comme les poèmes en prose abondent en évocations macabres de l’horreur et du mal. Charognes puants, petites vieilles moribondes, cités sales et blafardes, tripots douteux, Baudelaire, loin d’esquiver la laideur naturelle du quotidien en brosse le noir tableau. Une charogne est un poème de jeunesse (il date sans doute de 1843) assez long (12 quatrains). Un tiret isole les 3 dernières strophes. Ce poème relate une promenade « sentimentale » au cours de laquelle la rencontre d’un cadavre en putréfaction conduit le poète à méditer sur le rapport entre le beau et l’horrible et sur l’essence de la poésie. Nous verrons en I un texte volontairement scandaleux et en II la quête d’une esthétique moderne.
Plan :
I/Un poème volontairement scandaleux.
1) Des termes bas, registre du macabre (voir texte).
On observe des éléments choquants, plus conformes aux chansons estudiantines qu’à la grande poésie de l’époque « charogne infâme, pourriture, squelette, ordure, horrible infection, moisir, ossements, vermine… ». Malgré les audaces de Victor Hugo qui se vente d’avoir mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire, le vocabulaire poétique n’a guère changé au 19ème siècle, il y a donc ici une véritable provocation dans : -Le champ lexical de la décomposition exprimé dans les termes les plus vils « pourriture, ordure, puanteur ». –L’évocation de scènes difficilement soutenable avec par exemple la chienne qui attend de manger la pourriture. –Volonté de désacraliser des valeurs bien ancrées. La femme, idole romantique est ici dépréciée car elle est assimilée à une créature dépravée, « les jambes en l’aire ». Métaphore filée sur l’amour physique qui nous fait presque penser à de la pornographie. Parallélisme entre la charogne et la femme aimée.
2) Le romantisme ridiculisé.
-La femme, idole romantique, est ici désacralisée, comparée à la charogne, « les jambes en l’air », « brûlante et suant les poisons » (transpirante)