Penser
« Je pense, donc je suis » : il faut entendre cette phrase au double sens que lui donne Descartes : primo, si je
pense, alors je ne peux pas être rien, donc (déduction logique) je suis ; secundo, du fait même que je pense, je
suis, parce que je suis cette pensée, qui épuise tout mon être. Je pense, donc (équivalence mathématique, =) je
suis (voir le cours sur le cogito ici).
Puisque je me résume entièrement à cette pensée, il est clair que mon bonheur se résume à découvrir les
connaissances « utiles à la conduite de la vie » (Descartes le martèle tout au long du Discours de la méthode). On
retombe ici, avec quelques aménagements, sur le « bonheur de philosophe » prôné par Platon (voir le corrigé à l’
antique). Je n’insiste pas sur ce point, assez facile à argumenter.
3.2. Antithèse : la pensée critique
Avec Kant, un glissement s’opère. Le bonheur est sans doute pensable ; mais parce que la raison seule donne une
pensée rationnelle (en rapport avec le réel), alors si l’on s’interroge sur la possibilité d’être réellement
heureux, il faut le faire avec l’aide de la raison. Malheureusement, la raison procède par une faculté critique
contraire à l’idée même de bonheur. L’esprit critique, par définition, implique une réserve, une insatisfaction
(une copie l’a relevé : bonus !), incompatible avec le bonheur au sens strict. Aussi, écrit Kant (et plusieurs
copies ont su me le citer exactement, mais pas me l’expliquer, hélas) : « Le bonheur est un idéal de l’imagination.
» Sous-entendu pas de la raison.
Autrement dit, la pensée au sens large (incluant l’imaginaire) nous permet de « visualiser » le bonheur ; et en
même temps la pensée au sens strict (la raison) sait bien que cette image n’est… qu’une image, justement, et qu’
elle ne prendra jamais corps.
On voit alors que deux attitudes sont possibles : la première consiste à récuser une bonne fois