Peut-on atteindre le bonheur par le plaisir
Il faut distinguer bonheur et plaisir : le premier est un état de complétude, de plénitude, donc stable ; le second correspond au mouvement de combler de manière temporaire le vide ouvert dans le désir. Il faut distinguer bonheur et vertu même si les deux peuvent se rejoindre : la vertu est produit de manière aléatoire, contingente, par les circonstances extérieures ; la seconde est une manière de construire par soi-même la forme de plénitude permise à l’homme sans tenir compte des cis constances extérieures.
Le bonheur est-il possible ? Il y a un paradoxe interne : si le bonheur est un état de plénitude, il suppose que tout ce que je peux accomplir soit accompli. Mais si tous mes désirs sont satisfaits, cela me prive d’une part importante de moi-même, qui est, justement, ma faculté de désirer. Un être sans désir sera-t-il heureux ? Est-ce possible ? (Les stoïciens, par exemple, ont voulu résoudre le problème en disant que le bonheur était dans la suspension du désir). Mais un être à qui il reste quelque chose à désirer, peut-on vraiment dire qu’il est heureux ? Les épicuriens, eux, ont voulu voir dans le plaisir le vrai bonheur. Le bonheur est-il réductible au plaisir ? Si l’on veut rendre compatible bonheur et plaisir, il faut dire que le bonheur consiste non pas en une plénitude fermée sur elle-même, mais dans le renouvellement permanent du désir. La question qui se pose alors est la suivante : comment permettre ce renouvellement ?
Bonheur = d’ordre