Alors que nous vivons dans une société où nous rencontrons et croisons chaque jour de nouvelles personnes, il semble que nous sommes toujours fondamentalement seuls par le fait qu’on ne connait et que l’on aime personne véritablement puisque le moi d’une personne ne se présente qu’à travers des qualités qui le différencie et le détermine. Pourtant, toutes les passions humaines impliquent toujours une référence à autrui même à travers les désirs les plus égoïstes puisqu’ils supposent le rapport aux autres par transparence à la sympathie naturelle qui nous habite et qui nous pousse les uns vers autres à éprouver ce que l’autre éprouve. Dès lors, la question suivante se pose : Peut-on affirmer pouvoir connaitre autrui, ou bien faut-il se résoudre à se contenter de le juger par ses qualités ? C’est ce problème que nous nous proposons maintenant de traiter, en commençant par examiner sous quelles conditions pouvons-nous connaitre autrui à partir de soi.Connaitre une chose c’est pouvoir expliquer son fonctionnement, connaitre ses causes, son origine. Autrui est autre que moi, autrui me ressemble mais n’est pas moi. Nous savons avec certitude qu’une âme est unie avec notre corps ; autrui à un corps qui ressemble au mien, je juge donc qu’à travers ce corps qui ressemble au mien est liée une âme comme la mienne. Ma conscience est la seule dont j’ai directement l’expérience, connaissant mes désirs, mes sentiments et leurs causes je juge par analogie de connaitre l’être qui me ressemble : autrui. Il est manifeste que nous ne connaissons autrui que par conjecture car un homme est l’union d’une âme et d’un corps et nos sens ne nous donnent que des corps. Comme je suis douée de sentiments externes, je perçois les effets de mon corps, de mes sentiments et de mes pensées. Par exemple, quand je me trouve dans une situation honteuse, je me sens rougir. Ainsi, par mes propres constats sur autrui, je peux conclure de ce que je sais de moi-même ce qu’autrui ressent ou pense étant donné