Amar
Fanny
TL
Peut-on être indifférent à la vérité ?

Comme nous le rappelle Husserl, savoir que la Terre tourne autour du Soleil ne nous empêche pas de continuer à penser ou à dire quotidiennement le contraire : une vérité, même scientifiquement incontestable, ne s'impose pas en permanence à l'esprit. Mais cette forme d'indifférence quotidienne à la vérité semble peu grave, puisque la vérité connue peut être aisément rappelée. Tout autre serait une indifférence plus agressive, concernant un esprit qui refuserait d'adhérer à une vérité établie sous prétexte qu'elle viendrait contredire des certitudes plus vitales. C'est dans cette optique qu'il est important de réfléchir sur la possibilité d'être indifférent à la vérité. Tout d'abord, que signifie « peut-on »: est-il possible, est-il légitime ? Cette expression peut être comprise en deux sens : soit la question porte sur la possibilité de fait, soit elle porte sur la possibilité de droit. Dans ce dernier cas, elle équivaut à « a-t-on le droit ? ». Puis, « être indifférent » signifie n'éprouver ni amour ni haine, ni attirance ni répulsion. C'est laisser de côté, se désintéresser, ne pas être concerné. Enfin, « la vérité », du latin « Veritas », vient de « versus » et désigne le vrai. Elle concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité. Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. C'est la qualité d'une proposition en accord avec son objet. La vérité formelle, en logique, c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions. On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Le présupposé sera donc que l'on peut être indifférent à quelque chose. Puis, l'enjeu sera de savoir si il est possible qu'un homme ne se préoccupe aucunement de la