Plaidoire meursault
Je ne peux plus vous entendre dire pareilles choses ! De quoi m’accusez vous au juste ? De ne pas avoir montré moindre émotion lors des funérailles de ma mère ? C’est abbérant ! Comment pouvez-vous m’accuser d’un manque de sensibilité, et d’indifférence lors d’un évènement des plus émouvants dans la vie d’un homme, la perte de sa mère ! Comment pouvez-vous m’accuser d’avoir enterrer ma mère avec une âme criminelle !? Je ne pense pas qu’il vous soit demandé de juger des éléments personnels, mais en soi, l’acte réellement commis. Revenons sur les faits Monsieur le Procureur. Certes, j’ai aidé mon ami Raymond à composer une lettre pour sa maîtresse dans le but de l’attirer chez lui pour être punie de l’avoir manqué de cette sorte ; mais cela n’était qu’acte de sympathie, de soutien pour mon ami. Dans un second temps nous avions prévu au dernier moment d’aller passer du bon temps au bord de la mer, qui aurait pu prévoir que l’Arabe aurait été présent ? Qui aurait pu prévoir qu’il allait s’en prendre à Raymond et le blesser ? J’ai donc saisi le revolver que possédait mon ami afin qu’il ne tire pas sur l’Arabe ! Avez-vous bien entendu monsieur le Procureur ? Qu’il ne tire PAS ! L’alcool m’enivrait, la chaleur m’accablait, j’ai alors décidé d’aller me raffraîchir à la source. Il était là, à nouveau devant moi. Je le savais armé, je savais qu’il pouvait me tuer ; il ne me restait plus qu’une chose à faire : sauver ma peau. Le soleil m’harassait, je me vis pris de folie, j’ai alors sorti le revolver, j’étais saoul, je ne savais plus ce que je faisais, je ne controlais plus mes gestes. Une balle a alors pénétré le corps de mon adversaire. Puis une deuxième, une troisème, une quatrième, une cinquième. J’ai alors compris que ça en était fini pour moi, que je venais de vivre en cette journée peut-être mes derniers instants de bonheur. Monsieur le Procureur : l’alcool, ce soleil aveuglant, ce week-end et