Politique migratoire en espagne
C’est pendant les années quatre-vingt que l’Espagne s’intègre au système migratoire européen en tant que pays récepteur. Cette transition du système migratoire espagnol, associée aux expériences de quelques pays voisins, comme l’Italie, le Portugal et la Grèce, a été distinguée par les experts comme l’une des nouveautés les plus notables du panorama migratoire international de la fin du siècle (R. King, 2000). Le passage du stade de pays d’émigration à celui de société d’immigration ne s’est pas effectué sans heurts. La nouveauté du phénomène, les difficultés de la cohabitation interculturelle, l’absence d’institutions chargées de la gestion des migrations et le manque d’expérience face à un fait social totalement nouveau et très complexe, a déchaîné de nombreuses craintes relativement injustifiées, ainsi qu’un débat public agité. L’objectif de cet article est d’analyser sommairement les traits qui ont caractérisé la réaction des institutions espagnoles et des responsables politiques faceà un phénomène sans comparaison dans notre histoire récente. De fait, nous pouvons affirmer qu’en un peu plus de deux décennies, l’immi-
gration a significativement modifié le paysage urbain et la composition des publics scolaires dans certains districts de villes comme Madrid ou Barcelone. Incorporée aux agendas des organisations de la société civile et des corporations locales, elle est devenue un phénomène médiatique important qui figure dans les enquêtes d’opinion comme une des principales préoccupations de la société. En définitive, l’immigration s’est affirmée comme moteur de transformation sociale, économique et politique. Jusqu’en 1960, la présence d’immigrants étrangers en Espagne est peu importante. À cette époque, notre pays est clairement exportateur de main-d’œuvre. Dans les années soixante, on note un accroissement des arrivées. Les premiers immigrants sont, en général, des européens retraités ou rentiers