Portrait d'argan
Argan, le personnage principal, est d’abord caractérisé par son rôle de malade imaginaire : il est hypocondriaque. Il est préoccupé en permanence par sa santé, son obsession se fait sentir dès la première scène. Il se croit malade : « Je ne m'étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l'autre » (acte I, scène 1, ligne 57). Il se sent même menacé par la mort : « Ah ! mon Dieu, ils me laisseront ici mourir » (acte I, scène 1, ligne 70). En réalité, il n’est pas malade, mais cette hypocondrie révèle une profonde anxiété : il est âgé, il a peur de la mort et d’être abandonné par son entourage.
Ses rapports avec les autres sont largement déterminés par la maladie imaginaire d’Argan. Il est hostile et agressif avec ceux qui ne le prennent pas au sérieux, comme sa servante Toinette. Il se sent incompris et mal-aimé, ce qui le rend impatient, hargneux et irascible. Aussi Toinette fait-elle souvent les frais de sa mauvaise humeur et de ses colères. En revanche, il est trop crédule vis-à-vis de ceux qui le confortent dans son idée d’être malade. Son angoisse est une faiblesse que les médecins exploitent : Argan a tellement peur de la maladie et de la mort, qu’il croit aveuglement tout ce que disent les médecins. Il est trop naïf pour voir qu’ils en veulent surtout à son argent. Il fait d’ailleurs preuve de la même naïveté devant sa femme hypocrite qui, elle aussi, en veut à son argent, ou encore devant le notaire.
L’avarice est un autre grand défaut d’Argan. Alors qu’il est plutôt riche et peut s’offrir les soins dont il pense avoir besoin, il rechigne à payer. Il « ajuste » à sa guise les factures de pharmacie, qu’il juge trop élevées : « Ah ! Monsieur Fleurant, tout doux, s’il vous plaît, si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade, contentez-vous de quatre francs » (Acte 1, scène 1, ligne 47-50). Son avarice ne recule devant rien. Il va jusqu’à vouloir marier sa fille à un médecin afin d’obtenir des soins gratuits à