Pourquoi j'ai mangé mon père
« Le volcan, c’était le feu-père, continuait-il tout en se grattant. Les arbres étaient fils et filles, mais chacun d’eux ensuite, quand les branches d’un autre arbre l’approchaient d’assez près, pouvait devenir un feu-père. L’application de cette découverte m’apparut sans délai : tout ce que j’avais à faire, c’était de ramasser quelque branche tombée, de l’approcher d’un arbre et de l’emporter. Plus facile à dire qu’à faire ! car la chaleur, bien entendu, était infernale, et je crus bien prendre feu moi-même. Mais enfin je réussis : je tenais une branche enflammée ! J’avais du feu dans mes propres mains ! Criant de joie et de fierté, je m’élançai, portant haut ce petit volcan à mon bras. J’allais effrayer le lion le plus féroce à lui en faire perdre tous ses esprits ! Et je courais, joyeux, vers la vallée. Il me fallut dix bonnes minutes pour m’apercevoir que mon volcan s’était éteint, et que ce que je brandissais fièrement n’était plus qu’un tronçon noir qui me brûlait la main.
On n’apprend que par l’expérience», dit père. Il retourna donc sur ses pas pour faire une seconde expérience, et, s’il le fallait, d’autres et d’autres et d’autres encore. Il vit et comprit bientôt qu’un petit feu avait tôt fait de dévorer sa nourriture ; et que, si on ne voulait pas qu’il meure, il fallait lui en donner de nouvelle. C’est donc ce que fit mon père. Il organisa une sorte de relais. Il mit le feu à une branche, l’emporta en courant aussi loin qu’il put dans la forêt, arracha une nouvelle branche avant que le feu n’eût atteint sa main, lui fit prendre feu, l’emporta, et ainsi de suite. Nous écoutions père bouche bée, car tout cela paraît simple et logique une fois qu’on l’a vu faire, nous comprenions combien peu ce l’était avant cette première fois.
1.A quelle époque se situe ce récit ? Par quels indices le texte confirme-t-il cette lecture ? (2pts)
2.Qui est le narrateur ? (1pt)
3.Pourquoi cette