Pratiques du corps en sciences de l'art
Pratiques du corps
Notre époque témoigne d’un intérêt théorique croissant pour la notion de corps. Ceci n'a rien d'étonnant, puisqu’un certain nombre de technologies récemment développées ont radicalement bouleversé les catégories classiques du corps, en particulier ces technologies qui sont déjà profondément ancrées dans notre vie quotidienne, comme par exemple l’usage mondial d’Internet ou les possibilités de la greffe. En amont de la création numérique, il y a la fascination de l’homme pour la machine et les utopies qu’elle engendre. On sait que Marcel Duchamp a puisé l’inspiration de son « Nu descendant un escalier », datant de 1912, dans les illustrations d’une expérience chronophotographique d’Etienne-Jules Marey pour tenter d’appliquer l’esthétique de la machine à l’être humain. Aujourd’hui, le corps ne cesse d’exercer une fascination pour les artistes contemporains : un corps au-delà de ses limites formelles, dans ses débordements allant jusqu’à l’informe et l’incorporel, le sans loi au-delà des barrières du beau. Les mouvements d’avant-garde de ce siècle sont entrés dans une pratique artistique qui répond aux sollicitations du présent. Dans ce sujet, évoquer simultanément corps et machine, c’est se situer dans un champ polarisé par deux éléments : d’un côté, un élément biologique associé à un état de nature, celui d’un corps livré par les hasards de sa naissance à la vie ; d’un autre côté, un élément mécanique, culturel engendré par les différentes générations inventives et ingénieuses des êtres humains. Il est donc intéressant de se demander comment corps et machine peuvent être rapprochés, de s’interroger sur leur lien avec la science et quel est l’impact de cette machine sur le corps qui devient parfois un corps sans organes.
La machine à abolir le symbolique Grâce à Internet, on peut « habiter » le cyberespace, où l’on n’a plus besoin d’un corps. La communication et l’imagination se sont libérées de la présence corporelle.